Dans cet article, découvrons les pervers narcissiques afin de s’en libérer. Que ce soit en couple, avec l’un de vos parents ou même votre patron, vous vivez une relation qui vous questionne. Vous sentez la toxicité de cette relation, mais vous hésitez entre l’idée que cette personne abuse de vous ou celle que c’est vous qui n’êtes pas à la hauteur. Toute la difficulté est bien de déterminer si oui ou non, vous êtes dans une relation toxique, si vous êtes sous l’emprise d’une personne manipulatrice.
Le profil du pervers narcissique
Il est à souligner que j’utilise le masculin pour parler de l’entité clinique, mais que les femmes comme les hommes peuvent être pervers narcissiques. Ainsi, le pervers narcissique correspond à un profil bien particulier. En effet, du point de vue de la psychiatrie, le pervers narcissique concorde à une pathologie de la personnalité que l’on nomme psychopathie ou sociopathie.
Depuis plusieurs années, le cinéma nous a permis de découvrir des exemples de psychopathes, comme le terrifiant Hannibal Lecter dans le Silence des Agneaux ou le sympathique Joe, dans la série You, qui est en réalité un tueur en série. Puis du côté des manipulateurs narcissiques, le cinéma nous a également fourni de beaux exemples dans les splendides films comme Les Liaisons Dangereuses, Les Nuits avec mon Ennemi (avec Julia Roberts) et même la série House of Cards.
Donc, le pervers narcissique possède une personnalité toxique et manipulatrice qui joue avec sa victime au point de la détruire complètement, surtout psychologiquement. Celle-ci finit par se dévaloriser en permanence. En réalité, nous sommes en présence d’un état de persécution qui va bien au-delà de l’acceptation des normes sociales.
La découverte de la notion de pervers narcissique
Le trouble de la personnalité pervers narcissique est une maladie mentale. En 1933, le psychiatre allemand Emil KRAEPELIN (1856-1926) définit la psychopathie à travers plusieurs caractéristiques, notamment le manque de moralité, l’absence du sens des responsabilités, l’utilisation du mensonge et un charme indéniable.
Puis quelques années plus tard, le profil se précise avec un masque de moralité, un détachement émotionnel, une tendance à manipuler et à charmer autrui. En outre, le pervers narcissique inspire confiance, sympathie. Souvent, il se montre sociable et charismatique.
De nos jours, le manuel de diagnostic de psychiatrie n’utilise plus ce terme, mais celui d’une personnalité antisociale. En effet, celle-ci se caractérise par une indifférence vis-à-vis des normes sociales, des émotions, des droits d’autrui, le tout couronné par un comportement impulsif.
Cependant, il reste la dimension narcissique. En fait, un individu, ayant une personnalité narcissique, se trouve exceptionnel. Parallèlement, il cherche à attirer l’attention de son entourage par tous les moyens.
Ainsi, le psychologue canadien Robert HARE a créé une échelle de mesure de la psychopathie en partant de l’ouvrage de Cleckley*.
*Hervey Milton Cleckley est un psychiatre américain (1903-1984) pionnier de l’étude de la psychopathie. Son livre Le Masque de Moralité a beaucoup influencé Robert HARE. Source Wikipédia.
Les caractéristiques du pervers narcissique
Robert HARE questionne les composantes narcissiques et les comportements antisociaux. Voici quelques-uns des critères retenus :
- Loquacité et charme superficiel ;
- Surestimation de soi ;
- Besoin de stimulation et tendance à s’ennuyer ;
- Tendance au mensonge pathologique ;
- Duperie et manipulation ;
- Absence de remords et de culpabilité ;
- Affect superficiel ;
- Insensibilité et manque d’empathie ;
- Tendance au parasitisme (tendance à vivre prospère aux dépens d’autrui) ;
- Faible maîtrise de soi ;
- Incapacité de planifier à long terme et de façon réaliste ;
- Impulsivité ;
- Irresponsabilité ;
- Incapacité d’assumer la responsabilité de ses faits et gestes.
Le pervers narcissique présente une indifférence aux émotions et une absence totale d’empathie. Il se moque complètement de ce que vous ressentez, si vous souffrez, etc. Toutefois, il va feindre une empathie exagérée en se montrant extrêmement charmant et charmeur.
Ainsi, ma position de psychologue m’a amenée au constat suivant avec de nombreux témoignages : les pleurs, la tristesse, le désarroi de l’autre ne le touchent absolument pas. Il ne partage pas votre douleur, mais il s’en délecte. Il va même s’en servir afin de retourner la situation à son avantage. Attention car, si vous lui tenez tête en l’absence de témoins, il risque de se laisser aller à la violence.
Les subtilités du pervers narcissique
Le monde du travail est un terrain idéal pour les pervers narcissiques. En fait, ils utilisent volontiers les relations asymétriques de la hiérarchie pour intimider, culpabiliser, discréditer et mieux manipuler leurs collègues. Sans éthique, sans justice, sans empathie, ils ne culpabilisent jamais et ne se remettent jamais en question. Tout est toujours la faute de l’autre.
Par ailleurs, le plus déstabilisant est leur facilité de passer de la séduction à la colère, de l’enthousiasme à l’indifférence. Ils alternent chaud et froid afin de déstabiliser leur interlocuteur. Celui-ci ne sait plus à quoi s’attendre et il doute en permanence.
Voilà ce qui met quelqu’un sous l’emprise de l’autre. Aussi, sans certitude absolue, il est difficile de fuir le pervers narcissique. De plus, rien ne se fait ouvertement, tout est beaucoup plus subtil.
Aussi, il n’y a pas d’attaque directe, mais des sous-entendus. Le pervers narcissique va utiliser des remarques insidieuses, genre “tout le monde trouve que tu as mal agi” ou “tu sais, ta soeur aussi trouve que tu fais n’importe quoi, etc.”.
En réalité, le pervers narcissique ne supporte pas qu’on lui tienne tête. En fait, il contrôle la situation, il prend les décisions, il agit. Attention à vous si vous le contredisez, si vous exprimez des pensées différentes ou si vous le remettez en question.
En fait, il veut prendre le dessus, car c’est un moyen pour lui de se valoriser. Ainsi, il ne laisse pas tomber facilement sa victime et aime l’enfoncer encore plus : “tu te rends compte de la manière dont tu te conduis, tu me fais honte, etc.”.
Volonté de nuire consciente ou inconsciente du pervers narcissique ?
Le pervers narcissique est-il toujours conscient de ce qu’il fait ? A-t-il toujours l’intention de nuire ? Parfois, il semble que l’on puisse trouver des personnes à la fois narcissiques et manipulatrices sans qu’elles en aient vraiment conscience.
En fait, elles trouvent cela tout à fait normal. Elles font preuve d’une surestimation d’elles-mêmes qui leur permet de se convaincre de leur légitimité à être le centre du monde. En effet, elles sont persuadées qu’elles le valent bien.
Le pervers narcissique a un besoin viscéral de tout contrôler et ne supporte aucunement la frustration. Centré sur ses besoins (reconnaissance, attention, valorisation, objectif de réussite professionnelle, financière, etc.), il cherche à contrôler autrui afin de rester l’être exceptionnel qu’il pense être.
Ainsi, sa nécessité de reconnaissance extrême l’amène à une intolérance complète pour tout ce qui ne va pas dans son sens.
Conséquences sur la personne sous emprise
Toutes ces remarques, ces reproches sur de banales petites choses, font que la personne sous emprise, se demande si l’autre n’a pas raison. Alors, elle a tendance à avoir une mauvaise estime d’elle et un énorme manque de confiance. Par ailleurs, le pervers narcissique prend les décisions sur tout, quel que soit le sujet. Il ne demande surtout pas l’avis de sa moitié.
Dans le cas où sa victime lui échapperait, il utilisera la culpabilisation, la dévalorisation pour reprendre le contrôle sur elle. En fait, il a besoin de se sentir jalousé, d’être mis en avant, d’être au centre de toutes les attentions. Il fera tout pour monopoliser l’intérêt de son entourage.
Alors, ne vous y trompez pas, s’il demande comment vous allez, c’est uniquement parce qu’il a un objectif, ou il n’attend même pas la réponse, car il s’en moque. C’est juste une façon de séduire, de faire preuve d’une fausse empathie. Puisqu’il est narcissique, tout tourne autour de lui. Vous n’avez pas d’importance à ses yeux, vous n’êtes qu’un faire-valoir.
Cette fois, je fais le parallèle avec une chanson de Jean Schultheis intitulée Confidences pour Confidences : “Je me fous, fous de vous, vous m’aimez, mais pas moi… C’est moi que j’aime à travers vous, etc.”.
Origines de la perversion narcissique
Nous pouvons définir l’origine de la perversion narcissique en évoquant une blessure narcissique importante dans l’enfance. Ainsi, il se peut que le sujet ait été dévalorisé, humilié, maltraité et a réagi en nourrissant lui-même son estime de lui. Sa susceptibilité exacerbée en est une preuve.
Donc, cette compensation est tellement profonde que le sujet réussit à y croire lui-même. Il finit par se sentir exceptionnel et tout-puissant. Nul ne peut le détrôner. Personne n’est au-dessus de lui. En réalité, il s’est tellement protégé de ses émotions afin de ne pas souffrir, qu’il a fini par toutes les rejeter.
Parallèlement, le pervers narcissique se conduit vraiment comme un enfant gâté qui ne supporte ni la frustration, ni l’opposition et qui reste dans la toute-puissance. Il présente un caractère pompeux, un comportement grandiose, un énorme besoin d’admiration et un manque d’empathie totale.
Ce qu’il faut retenir
Dans cet article, nous avons défini :
- le profil du pervers narcissique ;
- la découverte de la notion de pervers narcissique ;
- les caractéristiques du pervers narcissique ;
- les subtilités du pervers narcissique ;
- la volonté de nuire consciente ou inconsciente du pervers narcissique ;
- les conséquences sur la personne sous emprise ;
- les origines de la perversion narcissique.
Toutefois, je reste persuadée qu’il y a des niveaux de sévérité du trouble si l’on reste sur l’idée du trouble de la personnalité. En réalité, il y a encore beaucoup à dire.
- Par exemple, les pervers narcissiques sont-ils tous d’une intelligence remarquable ?
- Est-ce que certaines personnes seraient des proies plus faciles que d’autres ?
- À quel moment débute la manipulation ?
- Quelle est la frontière entre l’individualisme et le narcissisme ?
En fait, le sujet est loin d’être clos… À méditer…